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Temps gagné par la suite : inestimable (je l’espère) 😉
Nous vivons dans un monde d’opulence dans tous les domaines, y compris dans celui de l’éducation. Prenons par exemple l’offre éditoriale. Retz propose plus de 900 titres dans son catalogue et publie environ 85 nouveaux titres par an. Sachant qu’il existe une vingtaine d’éditeurs dans le domaine scolaire (Hatier, Nathan, Belin Education…), en un an le monde de l’édition nous offre de quoi nous occuper au moins 10 ans !
A côté de ces ouvrages théoriques et de ces manuels, nous avons à portée de clavier des ressources absolument formidables notamment grâce à la communauté des blogueurs enseignants. En tapant les mots « séquence préhistoire CM1 », Google trouve 61 600 résultats en une demi-seconde. Et pour la recherche « a ou à CE1 », il recense 293 000 résultats en 00,41 secondes…
D’autres applications telles que Pinterest et Instagram nous renvoient sans cesse des idées d’activités toutes plus attractives les unes que les autres. Jamais les enseignants n’ont eu à leur disposition autant de ressources !
Cette offre quasiment illimitée peut facilement nous mener à l’éparpillement et nous contraint à faire des choix. Le risque est alors de se concentrer sur le superflu et de passer à côté de l’essentiel. Voire de privilégier la forme au fond.
L’année dernière, j’ai lu un livre qui m’a beaucoup marqué. Il s’agit de « L’art d’aller à l’essentiel » de Léo Babauta. Dans le genre occupé, on peut difficilement faire mieux : Léo Babauta est journaliste à temps plein et père de 6 enfants. Il écrit également cinq articles par semaine sur son blog qui a été classé dans la liste des « 25 meilleurs blogs américains » par le Times. Bref, cet homme est plutôt bien placé pour parler de la gestion du temps et de la productivité.
En tant que PE débordée, la lecture de ce livre m’a permis de questionner ma posture professionnelle.
Le pouvoir de la simplicité : opter pour l’essentiel
Dans le monde actuel du « toujours plus », notre seule limite est le temps. Léo Babauta nous invite à nous interroger régulièrement sur « notre essentiel ». Quelles tâches sont prioritaires ? Lesquelles auront le plus d’impacts ? Lesquelles seront les plus utiles ?
« Est-ce qu’imprimer et plastifier les cartes des logico-monstres est une priorité alors qu’il va bientôt falloir remplir les bulletins ? »
« Est-ce si grave si ma séquence d’art visuel n’est pas en lien avec ma séquence de littérature ? Si je ne trouve pas de poésie en lien avec ma séquence d’EMC ? »
« La séquence de lecture que j’ai trouvé sur le net est top… mais je peux encore l’améliorer (selon mes critères) et l’adapter à mes élèves. Oui, mais le temps que cela me prendra m’obligera à bâcler ma séquence de sciences qui est déjà plus que bancale…. »
Pas toujours facile de hiérarchiser les tâches à accomplir. Surtout que certaines tâches me motivent bien plus que d’autres ! Je dois accepter que la perfection n’existe pas et prendre le temps de la réflexion : cette tâche est-elle un besoin ou un désir ?
« Est-ce un besoin de trouver une poésie en lien avec la séquence d’EMC ou un désir ?
Est-ce un besoin ou un désir de modifier cette séquence de lecture ? »
Cela ne signifie pas que je laisse de côté les tâches qui me tiennent à cœur. J’ai simplement pris conscience que chaque nouvelle activité, chaque nouveau projet prend le temps d’une autre activité. Quelle activité passera à la trappe si je mène ce projet à bien ? Mon temps de sommeil ? La planification de ma semaine ? Du temps passé en famille ? Les prochaines séances d’EPS, d’histoire-géo ou d’arts visuels ?
Combien de jeux ai-je imprimés, parfois créés moi-même, plastifiés, que mes élèves n’ont jamais vu ou quasiment pas utilisés ? Alors que j’aurais pu profiter de ce temps pour réfléchir à ma pratique de classe, lire ou bien me reposer ! Combien de fois ai-je chipoté sur des détails pour mes séances du matin (EDL et Maths) au détriment des séances de l’après-midi ?
Je n’avais pas toujours conscience des choix que je faisais…
Il y a tellement de pistes à explorer, de séquences à tester, de livres à lire pour se former… La volonté de tout mettre en œuvre pour le progrès de mes élèves ne doit pas me faire oublier mon « humanité ». Je dois me fixer des objectifs réalistes ; apprendre à identifier mes besoins les plus urgents (et ceux de mes élèves) et les distinguer de mes désirs…
A bientôt sur ce blog ou sur sa page Facebook !
SOURCES :
- Livre « L’art d’aller à l’essentiel » de Léo Babauta. Préface d’Olivier Roland
.Si vous ne deviez lire qu’un seul ouvrage en développement personnel (soyons honnête, ce genre de bouquin se ressemble tous), je vous conseille celui-ci.
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Lien vers la page Amazon du livre
- Blog de Léo Babauta : https://zenhabits.net/archives/
Vous verrez qu’on ne peut pas faire plus minimaliste ! Lors de la sortie de ce livre, il faisait aussi partie des 50 blogs les plus visités au monde avec ses 2 millions de lecteurs par mois.
Bonjour,
Merci beaucoup pour ce partage de lecture. Je crois que je vais le commander de ce pas.
Je me reconnais tellement dans ce que vous décrivez : les tonnes d’activités plastifiées, derrière l’ordinateur encore à 3h du main, les dimanches entiers à travailler, mais ça ne suffit jamais, je continue après le dîner et ne peux jamais regarder un bon film. Repos qui serait pourtant mérité.
A deux doigts de l’abandon de ce métier, je me suis laissée 1 an pour essayer dd changer.
J’aimerais vos conseils sur un point : mes étagères débordent de documents, fiches imprimées… je passe tous les ans des jiurs entiers à ranger, trier sans jamais y arriver totalement.
Je ne regarde pourtant pas ces cladseurs en cours d’année. Du coup j’hésite à tout jeter, saif ce qui est plastifié. Vous jetteriez à ma place ?
(Je suis dans le spécialisé)
Merci beaucoup.
Merci beaucoup pour votre retour. Concernant les classeurs, j’ai exactement le même questionnement ! Je me suis rendue compte que la plupart du temps je réimprime les documents et ce pour deux raisons :
– j’adapte les exos à mes élèves
– je vivais dans un petit appartement et mes classeurs n’étaient pas accessibles facilement. C’était un gain de temps de les réimprimer.
En début d’année, j’ai déménagé et je me suis rendue compte de la place que tous ces documents prenaient une fois correctement rangés sur des étagères ! :-O
Depuis j’hésite ! Je pense que je vais m’atteler à un grand tri : conserver les fiches « bricolées » qui contiennent des collages, des éléments ajoutés au stylo (notamment en Grandeurs et mesures) ; jeter les fiches que je sais ne jamais réutiliser. Je vais aussi revoir l’organisation de mes classeurs en disciplines et cycles. Mais tout cela prend du temps… et j’ai un enfant en bas âge désormais 😉 Aurais-je le temps de faire cela cet été ? Ce n’est pas sûre !
Je ne sais pas si la technique de Marie Kondo pour le rangement peut s’appliquer aux affaires scolaires. 😉 Elle préconise de prendre les objets en main (dans notre cas, nos feuilles) et de nous demander « Cet objet va-t-il me manquer si je le jette ? »… A tester !!